J’ai été contacté par France 3 Région pour la réalisation d’une série de mini-reportages sur les agriculteurs de demain. Il s’agissait de mettre en lumière le parcours de personnes qui ont fait le choix de quitter leur job de salariés pour se lancer en agriculture et qui se sont installées hors cadre familial.
Cette initiative est co-portée par un syndicat agricole qui valorise les pratiques paysannes. Ce sont en tout 5 exploitants agricoles qui ont été filmés en Région Rhône-Alpes : 1 maraîchère, 1 viticulteur, 1 éleveuse de brebis laitière, 1 éleveuse de chèvres et moi-même. L’objectif était de montrer qu’il existe des alternatives à l’agriculture industrielle et à la malbouffe et que nos métiers ont du sens.
Je vous laisse découvrir le reportage*. Après la vidéo, je vous explique tout ce que je n’ai pas eu le temps de dire durant ces quelques minutes .
Alimentation des animaux
J’ai pris conscience de part mon expérience en tant que fromager paysan qu’il est important de commencer par bien nourrir nos vaches avec du bon foin à flore variée et à des stades de coupe différents. Avec la pratique, je me suis rendu compte qu’il valait mieux éviter de donner trop de céréales aux bêtes, voire de ne pas en donner du tout car cela a un effet acidifiant sur l’animal, ce qui a sans doute des conséquences sur la qualité du lait. A vrai dire, c’est une question que je souhaiterais creuser. Pour l’instant, je n’ai pas vraiment trouvé d’études qui permettent d’évaluer précisément l’impact de l’alimentation complémentée en céréales sur la qualité du lait.
Bien-être des vaches
Un animal heureux et en bonne santé ne pourra que transmettre des ondes positives à son lait. Nous veillons sur la ferme à respecter au mieux le rythme des vaches et à améliorer leur confort. Selon le cahier des charges de l’Agriculture Biologique, nous les soignons avec des remèdes homéopathiques ou par la phytothérapie. Dans l’étable, nous avons installé des tapis de couchage individuel et un système de brumisateur pour que les vaches soient moins importunées par les mouches.
L’aliment est notre premier médicament
Dans un contexte où il y a surproduction et une course aux prix bas, ne devons-nous pas revenir à une production de qualité plutôt qu’à une production en quantité ? Il est important pour moi de faire du fromage le plus naturellement possible. Transformer à la ferme permet justement d’éviter toute dégradation du lait dans le transport par actions mécaniques. Le lait garde toutes ses qualités parce qu’il est transformé 12h maximum après la traite et qu’il ne subit pas plusieurs transferts par pompage. De plus, je travaille avec du lait cru qui est un aliment vivant riche en ferments, en vitamines et en enzymes, ce qui en fait un produit bon pour les papilles et bon pour la santé.
Les fermes font la vie de nos campagnes
Favoriser l’installation de petites fermes dans nos campagnes contribue à entretenir des paysages diversifiés, à maintenir la production des produits typiques de chaque région et à animer les villages. Cela permet de créer des entités économiques rentables puisque la transformation des produits agricoles et la vente en circuits courts (en direct) ramène la valeur ajoutée au producteur. Vendre et produire localement est une force face aux aléas liés aux fluctuations de l’économie mondiale. Lorsque l’on a une clientèle locale fidélisée avec peu d’intermédiaires, l’impact des crises financières ou alimentaires successives est limité voir positif (les clients reviennent aux valeurs sûres !). Cela est d’autant plus vrai dans le cas de la production fermière bio comme peut en témoigner l’étude 2018** Cerfrance que vous trouverez en fin d’article : » Malgré des rendements en lait et céréales nettement plus faibles, des besoins en main-d’œuvre plus élevés, des charges de structure plus fortes, un endettement soutenu et des aides PAC par actif équivalentes, l’agriculture biologique se porte économiquement bien. Grâce à ses trois points forts (charges opérationnelles réduites, meilleure valorisation des produits et stabilité des prix de vente), l’agriculture biologique relève le défi de la résistance aux crises agricoles, de la juste rémunération de sa main-d’œuvre et assure donc la pérennité des entreprises qui s’y sont engagées. »
Un métier qui a du sens
Quand je suis sorti de la fromagerie industrielle pour m’installer en agriculture, je voulais retrouver le goût du savoir-faire, me lever le matin avec envie et motivation (même si je me lève très tôt ! ). Je voulais développer une solide expérience pratique. Etre fromager, c’est en quelque sorte sauvegarder et développer un savoir unique. J’aime ce que je fais et j’aime transmettre ma passion à mes clients et mes apprentis. J’apprécie que l’on me dise que mon fromage est exceptionnel.
Je pense chaque jour à diffuser de l’énergie positive dans mes produits afin de rendre tous les amateurs de bon fromage heureux ! C’est tout le message que j’ai voulu faire passer dans ce film !
Je continue dans cette voie avec la volonté de susciter des vocations et de transmettre ce savoir-faire à travers le blog Fabriquetonfromage !
N’hésitez pas à venir poser vos questions dans les commentaires !
* Reportage réalisé par France 3 Région Rhône-Alpes. Journaliste : Nathalie Rapuc. Date de diffusion : mercredi 12/012/18.
Pour aller plus loin :
** L’Etude Cerfrance Adheo « Les fermes bio plus résistantes à la crise ? » (Janvier 2018)